Le Championnat d’Europe de CSO Poney : le Championnat des tricheurs.
Les derniers Championnats d’Europe Poney, qui ont pris place à Saumur fin juillet dernier, ont mis en évidence la nécessité de repenser intégralement l’application du règlement du toisage des poneys de compétition internationale.
La situation actuelle qui nous place face à des débordements de taille au garrot sans précédent est totalement inacceptable : la discipline du CSO a ainsi vu monter sur le podium, pour la Grande-Bretagne, un champion » poney » toisé autour d’1,58 m (un toisage anonyme a été effectué pour la première fois, pour information des instances fédérales internationales, confirmant ce qui était évident à l’œil) et une jument Selle Français médaillée de bronze mesurant au moins 1,56 m ; entre les deux : une jument belge, sous couleurs néerlandaises, loin d’être petite elle aussi … Espérons que la FEI ait pris la mesure des abus. Mais le jury de terrain a-t-il engagé une demande de retoisage comme le lui permet le règlement de ladite FEI, article 3111 paragraphe 5 ? Cette situation n’a en effet pas pu lui échapper.
Les » indélicatesses » des toiseurs officiels, dont découle la participation de ces animaux hors cotes sur le circuit international Poney, sont à classer au même titre que le dopage dans le sport en général, comme dans le cyclisme par exemple.
En France, nos vétérinaires toiseurs sont désormais assez raisonnables, compte tenu des difficultés à toiser » juste » des êtres vivants et remuants qui laissent place à une petite marge d’erreur inévitable.
Mais en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et en Italie par exemple, cette marge d’erreur se transforme régulièrement en tricherie. S’agirait-il d’une complicité entre les vétérinaires et leur Fédération ? Dès lors, quelle crédibilité accorder, entre autres, à des visites d’achat pratiquées par ces vétérinaires qui ont pourtant prêté serment ?
Evoquons par ailleurs la responsabilité des chefs d’équipe qui ne peuvent ignorer ce problème au sein de leur formation : leur complicité active impunie est contraire à toute déontologie. En effet, tous les chefs d’équipe ne sont-ils pas enseignants éducateurs ? Voulons-nous vraiment apprendre à nos enfants à tricher et les éduquer à accepter les compromissions ?
Depuis plusieurs années en France, le ménage semble avoir été fait chez nos poneys. Mais comment faire entendre notre voix dans les instances dirigeantes internationales ? Nous ne sommes plus représentés, nous les Français, au sein de la Commission poney de la FEI. Préférerions-nous le conflit interne fédéral à l’union engendrant l’efficacité ? Siéger et se faire entendre au sein de la FEI me semble aujourd’hui indispensable pour faire valoir nos propres valeurs morales et agir pour servir l’intérêt général et l’étique sportive.
Combien de temps faudra-t-il pour éradiquer ces pratiques malhonnêtes sur le circuit européen ? Pour accélérer » l’assainissement « , il faudrait une enquête officielle, à l’initiative de la FEI, sur les faits constatés au Championnat d’Europe de Saumur, afin de sanctionner les Fédérations incriminées, non pas par le déclassement des cavaliers gagnants, soyons sports, mais par la mise à pied pour le prochain Championnat d’Europe de ces Nations, pour l’exemple, afin de porter un sérieux coup d’arrêt à ces pratiques scandaleuses et connues de tous depuis de nombreuses années.
La réglementation devrait être modifiée et imposer un toisage au laser, lors de la visite vétérinaire des Championnats d’Europe, avec une tolérance de 3 centimètres au-dessus du 1,49 m réglementaire, poneys ferrés. (Tout le monde sait qu’un toisage peut varier, selon les conditions dans lesquelles il est effectué, de deux à trois centimètres, alors prenons d’emblée cet élément en compte afin d’éviter tout hypocrisie et malentendu).
De la sorte, tous les participants seraient traités équitablement par une bonne application du règlement.
Enfin, le retrait, publié au JO, de l’agrément de tout toiseur officiel reconnu » indélicat » me paraît
indispensable dans une logique de sincérité et de transparence.
Jean-Marc LEFEVRE
Gérant du Syndicat Linaro
(organisation d’élevage impliquée dans la compétition poney de haut niveau)
14100 LISIEUX
Lettre parue dans l’Eperon, N° 260 Septembre 2006, COURRIER page 81.